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Interview : comment LOXYMORE est devenu LE média de la culture Urbaine Caribéenne

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Emmanuel Foucan, alias Shorty Photo par Fadji

Loxymore, est un véritable média dédié à la représentation des genres souvent marginalisés comme le rap, le dancehall, le bouyon, et même le zouk. Mais comment Loxymore est devenu aujourd’hui le porte-voix d’une génération d’autodidactes qui, de leurs chambres aux scènes internationales, défient les codes et accumulent des millions de streams ?

Emmanuel FOUCAN, plus connu sous le pseudonyme de Shorty, est une figure incontournable dans le paysage médiatique des cultures urbaines, nous explique tout.

Loxymore, c’est un peu comme un bébé né de la passion et de la nécessité.

Quels ont été les principaux défis que tu as rencontrés lors de la création de Loxymore, et comment le digital  a-t-il aidé à les surmonter ?

Le premier obstacle, ça a été le financement. On n’avait pas d’investisseurs, juste des contacts de gens passionnés (s/o Julien Canourgues,Jutsu et Ludo Fotofwaf) et beaucoup de débrouillardise. Cependant, ça nous a poussés à être plus créatifs, à tirer le meilleur de chaque ressource disponible. Le digital, c’est ce qui nous a sauvés.

Grâce à des plateformes comme YouTube et Instagram, on a pu toucher un large public sans avoir besoin d’infrastructures coûteuses.

Le digital a aussi permis de connecter des talents et des voix de différents coins du monde : Guadeloupe, Martinique, Guyane, France hexagonale, Canada, et même les pays caribéens anglophones.

C’est grâce à cette technologie qu’on a pu créer une communauté soudée, malgré la distance, et donner la parole à ceux qui étaient souvent ignorés. Au final, c’est grâce au digital qu’on a pu transformer nos idées en réalité. Et faire résonner notre message bien au-delà de nos frontières.

En quoi le contenu numérique a-t-il transformé la manière dont Loxymore atteint son public cible, notamment dans la diaspora caribéenne ?

Le contenu numérique a été vraiment la base pour Loxymore. Sans ça, atteindre notre public cible, notamment la diaspora caribéenne, aurait été un vrai casse-tête avec les moyens traditionnels qui ne parlait pas de ces cultures dites urbaines.

Avec les plateformes en ligne, on peut créer et diffuser du contenu en temps réel, que ce soit des vidéos, des articles, ou des podcasts. On s’y est habitué un peu mais ce qui est fort, c’est qu’on peut toucher quelqu’un en Guadeloupe, en Martinique, Sainte-Lucie, Haïti, USA ou en France hexagonale, et même au-delà, en un clic.

Pour la diaspora caribéenne, c’est aussi un moyen de rester connectée avec ses racines et nous avons une belle audience en France hexagonale grâce à ça.

Le numérique nous a permis de créer des ponts entre les différentes îles caribéennes, de partager des histoires qui résonnent avec leur vécu, et de nourrir ce lien culturel, peu importe la distance. Le plus beau, c’est qu’on a pu créer un espace où chacun peut se reconnaître et où les voix de la diaspora peuvent s’exprimer librement, sans filtres.

En fin de compte, le contenu numérique a vraiment transformé Loxymore en un média global tout en restant profondément ancré dans notre culture caribéenne.

On parlait de défi, le prochain est de pouvoir s’exprimer ou a minima traduire dans les différentes langues parlées par les Caribéens !

Peux-tu partager des exemples concrets de stratégies digitales qui ont joué un rôle crucial dans l’augmentation de ton audience et de votre visibilité ?

Nous avons allié des stratégies éditoriales et digitales pour essayer de faire la différence. L’une de nos premières décisions stratégiques a été de ne pas rejeter les langues créoles dans notre contenu.

On voulait que chaque membre de notre communauté se sente représenté et compris, peu importe la langue qu’il parle.

En intégrant le créole, on a pu créer un lien plus fort avec notre audience caribéenne, en leur parlant dans une langue qui leur est chère. Tout en restant accessible à ceux qui ne la parlent pas.

Du coup, nous avons rapidement sous-titré les contenus (également en pensant au public mal entendant évidemment).

Ensuite, on a choisi de parler ouvertement des difficultés spécifiques aux Caribéens, que ce soit sur le plan social, économique ou culturel.

Le meilleur exemple est le streaming via Spotify qui n’est accessible que depuis 2 ou 3 ans grâce au travail combiné de plusieurs entités (la team Hit Lokal, Kalash, etc)

En abordant ces sujets de front, on a pu toucher des gens qui ne se sentaient pas toujours concernés par les médias traditionnels. C’était important pour nous de montrer qu’on comprend les réalités de notre communauté et qu’on est là pour en parler avec sincérité.

Un autre aspect clé de notre stratégie a été de viser la meilleure qualité possible. Malgré nos ressources limitées et de rester présent avec un rythme régulier. On a toujours essayé d’offrir un contenu visuel et sonore qui rivalise avec celui des grands médias internationaux.

Des standards élevés

On s’est fixé des standards élevés, en se disant que notre audience mérite le meilleur, même si on ne disposait pas des mêmes moyens financiers. Cette recherche de qualité a clairement joué en notre faveur, en donnant à Loxymore une crédibilité et une image professionnelle. Sur les réseaux sociaux, nous avons choisi d’alterner entre des artistes reconnus et des artistes en développement.

Cette approche nous a permis de toucher un public varié, en mettant en avant des talents confirmés qui attirent une large audience, tout en donnant une plateforme aux artistes émergents. Cela a non seulement enrichi notre contenu, mais aussi renforcé notre engagement envers la promotion de la culture caribéenne dans toute sa diversité.

Tout ceci couplé à des stratégies « classiques » sur les réseaux sociaux pour augmenter l’engagement (jeux concours, appels à l’action…).

Enfin, un autre élément important a été notre présence sur les événements culturels et festivals. Les organisateurs, en nous accueillant, nous ont offert l’opportunité de discuter et de recevoir des artistes venant de territoires plus difficilement accessibles.

Cela nous a permis non seulement de diversifier notre contenu, mais aussi d’élargir notre audience en touchant des publics que nous n’aurions peut-être pas pu atteindre autrement.

Ces stratégies globales ont été essentielles pour accroître notre audience et renforcer notre visibilité, tout en restant fidèle à notre mission de représenter notre communauté de manière authentique et professionnelle.

Comment Loxymore utilise-t-il les plateformes de médias sociaux pour renforcer l’engagement et la fidélité de sa communauté aussi bien sur les plateformes que sur le terrain ?

Nous ne nous contentons pas de diffuser du contenu, nous cherchons vraiment à impliquer notre audience de manière active et authentique.

Sur des plateformes comme Instagram et YouTube, nous privilégions des formats qui encouragent l’interaction. Les lives sont essentiels pour nous : ils permettent à notre audience de réagir en direct, de poser des questions, et de participer à des discussions en temps réel. Cela crée une proximité et une routine où notre communauté sait qu’elle peut échanger avec nous directement.

On s’assure également de répondre aux commentaires et de créer des discussions dans les stories, pour maintenir cet engagement au quotidien.

Des formats immersifs

D’ailleurs, une des initiatives phares que nous avons mises en place est notre concept de Live Story, qui permet à nos abonnés de vivre certains événements comme s’ils y étaient, en direct.

Ce format immersif fait entrer notre audience via Instagram au cœur des festivals, des concerts, et d’autres événements culturels, leur offrant une expérience presque palpable même à distance.

C’est un moyen efficace de créer un pont entre ceux qui assistent aux événements sur place et ceux qui suivent depuis chez eux. En parallèle, nous avons développé l’émission Indeh (littéralement « inside »), qui emmène nos spectateurs dans les coulisses des événements culturels majeurs.

Cette émission permet à notre communauté de découvrir les dessous des scènes artistiques, de rencontrer les acteurs culturels, et de vivre une expérience exclusive que peu de médias offrent.

C’est un autre moyen de renforcer l’attachement de notre audience à Loxymore, en leur offrant un accès privilégié aux événements qui comptent pour eux.

Sur les réseaux sociaux, nous alternons également entre la mise en avant d’artistes reconnus et d’artistes en développement. Cela incite notre communauté à revenir régulièrement pour découvrir de nouveaux talents tout en suivant des figures emblématiques.

En combinant ces stratégies en ligne avec une présence forte sur le terrain, nous avons réussi à créer une communauté engagée, fidèle, et profondément connectée à l’univers de Loxymore. Nos abonnés savent qu’ils ne sont pas de simples spectateurs : ils vivent l’expérience avec nous, que ce soit à travers un écran ou au cœur des événements.

Avec l’évolution rapide du paysage numérique, quelles sont les prochaines étapes pour Loxymore en termes de croissance et d’innovation digitale ?

Le paysage numérique : ça va vite (🤣 rires), et on fait tout pour rester à la pointe. Cette année, par exemple, on s’est lancés sur TikTok.

On explore de nouvelles stratégies, on teste des formats inédits, et on s’efforce de maîtriser cet algorithme particulier qui demande une approche différente de ce qu’on fait sur les autres plateformes.

TikTok est un terrain de jeu formidable pour nous, et on voit déjà comment il peut nous aider à toucher un public encore plus large, notamment parmi les plus jeunes.

En parallèle, on a également expérimenté sur Twitch. C’est une plateforme encore peu développée aux Antilles, surtout en dehors du gaming, mais on y voit un potentiel énorme.

On a fait quelques tests pour voir comment on peut y créer du contenu qui résonne avec notre audience, tout en cherchant à comprendre les dynamiques spécifiques de cette plateforme. Même si Twitch est encore un défi pour nous, on pense que c’est un terrain à explorer davantage à l’avenir.

Un autre aspect crucial de notre développement, c’est la recherche de financement.

Le financement est important

On sait que pour continuer à innover et à produire du contenu de qualité, il nous faut des ressources supplémentaires. Nous travaillons activement à obtenir des financements qui nous permettraient de sponsoriser nos contenus, de booster notre visibilité et d’offrir encore plus de valeur à notre communauté.

Enfin, on est en veille constante. C’est un travail de tous les instants, surtout quand on sait que les algorithmes changent presque toutes les semaines sur absolument toutes les plateformes. On s’adapte en permanence, on teste de nouvelles approches, et on reste flexibles pour suivre les tendances du moment.

Cette veille acharnée est essentielle pour rester compétitifs et continuer à grandir dans un environnement aussi dynamique que celui du numérique.

En gros, Loxymore continue d’évoluer en expérimentant sur de nouvelles plateformes, en cherchant à renforcer notre financement, et en restant constamment à l’affût des dernières tendances digitales. C’est ce qui nous permet de rester innovants et de continuer à offrir un contenu qui parle à notre communauté.

Si tu as un message à transmettre aux jeunes générations des Antilles, quel serait-il ?

Ne sous-estimons jamais la puissance de ce que nous portons en nous. En effet, le zouk, par exemple, c’est chez nous que ça a commencés, et regardez comment ça a conquis le monde. On a tous ce même pouvoir en nous.

Le développement de nos cultures ne passe pas uniquement par la France hexagonale (même s’il ne faut évidemment pas négliger cette partie). La Caraïbe, c’est un terrain immense, plein de possibilités. Il faut que nous nous connections avec nos voisins, que nous collaborions, et que nous créions ici, chez nous.

Il y a tellement à faire et à bâtir dans la région. Nous devons rester fiers de qui nous sommes, que nous innovions à partir de nos racines, et que nous sachions que nous pouvons aller loin, ensemble. C’est le mot-clé !

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Barbara
Barbara

J'entreprends, j'apprends et je partage 🚀Experte en marketing digital, j’accompagne mes clients dans leur stratégie d’acquisition.

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